Deezer est un nom aux sonorités anglo-saxonnes. Plus généralement, quand on le compare à ceux de ces concurrents, on constate que cette référence anglo-saxonne est commune à tous, y compris aux autres acteurs français : Napster, Spotify, Soundcloud, Youtube…
- L’évocation d’une diffusion douce et continue
« Deezer » a un sémantisme qui vient uniquement de sa composition phonétique, puisqu’il n’a pas de sens lexical, de définition. C’est un sémantisme mimologique.
Avec son suffixe en –er, Deezer est morphologiquement construit comme un nom d’agent. Ces noms sont l’équivalent en anglais du suffixe –eur (comme dans lecteur, diffuseur). L’agent, c’est celui qui fait quelque chose. Le « Deezer », c’est donc celui qui « deez », Napster celui qui « napst ». Le nom désigne donc la fonction, ce que fait le site. C’est une façon de sémantiser la marque avec une fonction supposée.
On suppose donc une racine verbale « deez » même si elle n’existe pas. Phonétiquement :
- l’attaque de la première syllabe « d » (dentale légère alors que le « t » est lourde) laisse facilement passer le flux
- l’ouverture se fait ensuite sur un “ee” prolongé. Le “i” est la voyelle la plus fermée : pointu, fin, aigu, léger, par opposition au lourd, large, gras du “o” ou du “a”. Il est associé sémantiquement à tout ce qui est petit, et souvent présent dans l’univers des enfants. De plus la prolongation évoque une idée de mouvement continu, comme quelque chose qui se répand et se prolonge dans le temps.
- La sifflante “z” là encore évoque une vibration, une onde qui se prolonge : ce n’est pas une consonne occlusive qui coupe le flux de l’air dans la bouche mais au contraire le maintient. Beaucoup d’onomatopées l’utilisent.
On a donc une évocation à la fois :
- de légèreté, de quelque chose qui laisse passer l’air,
- et de développement dans le temps de façon continue, de flux vibratoire.
- « Deezer » évoque une diffusion légère, agréable, sans rupture, sans marque rythmique, avec l’idée d’une continuité, du temps qui passe. Cette interprétation est cohérente avec le son, qui a en tant que tel des qualités similaires à celles-ci.
La structure idéophonique de Spotify évoque tout le contraire :
- A l’origine, « spot » c’est la tache, ça présume une projection qui s’arrête brutalement avec le « -t » dental qui ferme le son. Plus largement, le « sp » évoque typiquement tout une série de verbe dont l’élément sémantique abstrait commun est toujours de cracher : « spit », « speak », « sparkle », « spread », « speach », « spot »… Quand je parle je fais des postillons. Il y a toujours l’idée de projection, d’extériorisation violente de quelque chose. Contrairement à Deezer qui a l’air doux, continu… chez Spotify il y a une violence qui explose.
- « o » est une voyelle ouverte, « i » une voyelle fermé : à nouveau tout est contraste, violence, explosion.
- Le –fy est caractéristique d’une structure verbale en anglais. « To spotify » signifierait donc faire des spots. On constate ici une analogie sonore avec le verbe « amplify » : amplifier suppose la force, c’est croitre en volume, en force, en puissance, en espace. Alors que chez Deezer il n’y a pas d’intensité de force, juste un son continu qui peut aller à l’infini.
A côté, le logo à trois fentes ressemble :
- Avec sa forme ronde, à une microphone à l’ancienne. Il y a très souvent dans les anciens postes de radios vintage quelque chose de similaire, une sorte de calandre avec des fentes. Dans le microphone, il y a un son qui entre et sort avec ce caractère explosif du son.
- à une image d’ondes, de l’antenne ou du symbole du wifi qui est en éventail, évoquant la diffusion. On pense au logo de Radio France.
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