D L’image ne facilite pas forcément l’accès à l’information
Les lecteurs expriment parfois leurs difficultés à « entrer » dans un quotidien, à se repérer dans l’aspect touffu de la mise en page, l’abondance des articles. Ils ne trouvent pas d’intérêt à l’effort de lecture.
Il ne faut pas confondre ce problème de l’accès à l’information et la question de la répartition du texte et de l’image. Ce n’est pas en remplaçant le texte par la photo que l’on facilite l’accès à l’info.
Le vrai problème d’un quotidien n’est pas le « trop plein de texte » : la preuve, c’est que les vrais lecteurs n’ont pas cette difficulté à entrer dans un quotidien, et trouvent même que le contenu s’avère trop superficiel.
Un journal quotidien se trouve plutôt confronté à un double problème :
· D’une part, chez les non-lecteurs, une barrière par l’effort de lecture, qui empêche l’accès à l’information
· D’autre part, chez les lecteurs, un trop faible bénéfice retiré de l’effort de lecture : l’information est parfois superficielle
Il faut rétablir une adéquation entre l’effort fourni et le bénéfice retiré. En remplaçant simplement le texte par l’image, on contourne plutôt le problème central qui reste l’accès à l’information.
Souvent ludique ou insolite, la photo se présente comme le contrepoint du texte, jugé ennuyeux ou fastidieux. Cette association ne doit pas induire en erreur : l’attrait pour l’image est un intérêt spécifique, différent de la recherche d’information.
La photo allège et donne l’illusion de faciliter le moyen (la lecture), elle ne peut remplacer le texte et procurer à elle seule le bénéfice attendu (l’information).
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Pour tous, lecteurs et non lecteurs, le bénéfice recherché n’est pas davantage de visuel pour moins de texte. Le bénéfice attendu d’un quotidien reste l’information.
Si la multiplication des images apparaît comme le remède simple contre l’ennui ou l’effort de lecture, elle n’est pas une réponse à la recherche de l’information.
Il faut donc dissocier les problèmes. L’accès à l’information n’est pas forcément facilité par plus d’image.
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D Un temps réduit pour lire l’actualité
La force de « 20 minutes » est de proposer une lecture rapide des informations quotidiennes. Il ne s’agit pas d’une suppression de la lecture, mais d’une optimisation du rapport lecture/temps.
Ce qui fait peur dans le quotidien, à travers l’image de grandes pages opaques remplies de texte, c’est le temps qu’il va falloir pour lire. D’emblée le titre du journal rassure le lecteur sur son temps de lecture.
D Un temps mort et contraint enfin rempli
Le journal ne permet pas seulement de prendre rapidement connaissance de l’actualité. Il est aussi le moyen d’occuper un temps mort, pendant lequel l’usager du métro doit attendre d’arriver à destination.
« 20 minutes » promet au lecteur que le temps du transport, temps mort et imposé, sera suffisant pour prendre connaissance de l’actualité du jour. La lecture n’est plus un effort, elle devient une occupation.
« 20 minutes » a calibré une sélection de l’actualité correspondant au temps qu’un lecteur est disposé à y investir, et qui n’est pas le temps libre qu’il aurait consacré à la lecture hors du transport.
La motivation principale d’un lecteur du Monde est supposée être le traitement complet de l’information. L’intérêt pour le journal n’est pas le format mais le contenu.
Dans le cas de « 20 minutes », le contenu se soumet aux exigences du format, c’est-à-dire la contrainte d’un temps où l’on doit attendre sans rien faire ou presque.
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Le bénéfice de « 20 minutes est double » :
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D Le temps de l’information
Les codes du journal quotidien sont articulés autour de deux éléments essentiels :
- L’information
- L’étroite correspondance avec le cours du monde, une indexation sur le temps qui passe
Un quotidien devrait pouvoir signifier soit l’actualité, l’information, soit le temps, c’est-à-dire la fraîcheur des informations diffusées, la proximité temporelle de l’événement rapporté « au jour le jour ».
Tableau récapitulatif : les codes du quotidien
Eléments-clés qui encodent un journal comme « quotidien »
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Les faits de l’actualité, l’ancrage sur le monde |
Le rapport au temps
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La « quotidienneté », le souci du cours du temps
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Le temps de lecture ou d’écoute
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Exemples
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Le Monde, Ouest-France, L’Actu
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Le 20 h, le 13 h, Nice-matin, France-soir, Le journal du dimanche
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20 minutes, le 19/20 |
« 20 minutes » et « Le Parisien »
D La course à la brièveté
Le format réduit des journaux comme « « Le Parisien » ou « 20 minutes » est le signe d’une grande maniabilité. Il souligne une prise en compte des conditions et contraintes de lecture (dans le métro par exemple).
Le format réduit est aussi une promesse : le journal ne va pas s’étaler :
- ni dans le temps (les articles sont courts)
- ni dans l’espace (il est possible de tourner les pages sans peine)
« 20 minutes » est encore plus petit, le format souligne d’emblée que le journal n’est pas destiné à une lecture tranquille dans le salon, mais plus adapté aux espaces exigus.
« 20 minutes » épouse une logique de la surenchère dans la réduction : avec 2 articles par pages environ, soit encore moins que « Le Parisien », le quotidien vise l’extrême concision.
Malgré cette course à la rapidité, le rapport du texte à l’image évolue peu : les proportions restent classiques et l’on n’a pas multiplié les images sous prétexte de faire de plus en plus facile à lire.
Les photos de « 20 minutes » sont de petites icônes, elles occupent proportionnellement le même espace que les illustrations d’un journal comme « Le Parisien ».
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Entre « Le Parisien » et « 20 minutes », la course à la rapidité de lecture n’a pas entraîné une multiplication des images. La facilité d’accès à l’information n’est pas synonyme de visualisation.
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D La fonction d’alerte
Les textes de « 20 minutes » sont très courts, on lit les titres pour savoir ce qui se passe : le journal offre un survol rapide de l’actualité, il joue une fonction d’alerte qui séduit le public le plus large :
- Le vrais lecteurs de quotidiens lisent « 20 minutes » en guise de veille de l’actualité, et achètent ensuite un journal plus dense pour approfondir les nouvelles qui l’exigent.
- Les « non-lecteurs » se contentent des gros titres, qu’ils retrouveront par exemple traités plus en détail dans le journal télévisé.
Bonjour,
Etudiante en communication, je fais mon mémoire sur la presse gratuite et je peine à trouver des exemples d'études sémiologiques sur ce sujet.
Est-il possible de se procurer la totalité de cette étude?("Réflexion sémiologique sur la presse quotidienne gratuite")
Si oui, pourriez-vous me dire comment?
Cela pourrait m'être d'une grande aide!
Merci de votre compréhension!
Rédigé par : Clémachou | 23 septembre 2011 à 12:20