Aujourd’hui, avec la multiplication des étapes (début du tournage, promotion, lancement dans les pays étrangers, sortie nationale en salle, sortie vidéo, DVD, télé, …) relayées par les médias et en particulier internet, un film n’est plus un événement ponctuel mais un processus de longue durée :
- L’œuvre cinématographique devient un processus dynamique Vs une œuvre figée.
- La réception devient plus complexe et évolutive que lorsqu’il y avait un avant et un après strictement délimité autour de la sortie d’un film.
Il n’y a pas de réception qui soit unique ou figée : l’œuvre est vivante et continue à vivre dans toute l’histoire de sa réception. Par exemple, l’histoire de l’Iphigénie de Goethe n’est compréhensible que grâce à son dialogue avec celle de Racine. Dans le domaine du cinéma, cette évolutivité de la réception est d’autant plus importante que les films se donnent souvent à voir sous de multiples formes après leur première apparition (sortie DVD, sortie TV, reprise dans un film publicitaire, …).
Internet, dont une des propriétés principales est d’enrichir en permanence son propre contenu par le biais de l’interactivité représente une opportunité pour inclure de façon vivante, souple et évolutive les effets de l’introduction d’un film dans l’histoire culturelle.
Les sites de films semblent l’endroit idéal pour prendre en charge toutes les “ conséquences ” que chaque œuvre particulière engendre dans l’histoire de la culture, avec un point de vue plus large (ex : http://www.lafamillesuricate-lefilm.com/, http://www.faubourg36-lefilm.com/, http://www.lafievredelor.com/, etc…).
Le principe de superposition de l’information sur internet, avec des fenêtre d’actualisation qui s’ouvrent pour signaler la sortie en DVD ou l’attribution d’un prix (exemple pour Tigre et Dragon : “ Winner of 4 Academy Awards) permet d’intégrer une temporalité et laisse supposer au récepteur qu’il y a eu une évolution depuis la sortie du film, qu’il s’est passé quelque chose de plus depuis le lancement du film. Ces “ pop up ”, qui s’ouvrent spontanément au dessus du site, sont reçus comme la confirmation que le film a une vie et contribuent à accroître ou conforter l’intérêt.
Le cycle de vie d’un film
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Le moment décisif de la réception
Avec la tendance actuelle des films à avoir une vie avant (ouverture de sites dédiés dès le début du tournage, promotion de longue haleine, …) et après la sortie en salle (sortie en vidéo et DVD), leur projection en salle semble n’être plus qu’un des moments d’une aventure plus longue. L’étape de la réception en salle reste néanmoins le moment crucial de l’histoire du film : c’est une épreuve où quelque chose se décide.
Le fait que l’avant et l’après de la vision du film suscite des attentes et attitudes différentes de la part des spectateurs montre que la réception elle-même est un moment spécifique qui prend un caractère d’expérience décisive et irréversible.
L’avant correspond à une période de préparation et d’incitation à l’expérience du film lui-même. Les moyens de communication utilisés dans cette période préparatoire doivent veiller à susciter l’envie et l’intérêt sans déflorer l’expérience. La bande-annonce répond à cette problématique en étant conçue de telle sorte qu’elle soit compréhensible en tant que telle (mini-œuvre achevée) mais sans que ses éléments décomposés ne soient compréhensibles avant d’avoir vu le film. Ce ne sont que des allusions, des éléments présentés sans solution : un avant-goût qui permet au spectateur d’anticiper l’expérience qu’il va vivre sans la vivre.
En tant que récit, un film est structuré comme un récit littéraire autour du nouage d’une situation conflictuelle ou problématique jusqu’à son dénouement.
La montée de la tension cognitive et émotionnelle, qui accompagne le nouage de l’intrigue, permet l’extériorisation des passions et la purification de l’âme du spectateur (expérience cathartique) au moment de la résolution. Le même phénomène se produit avec un roman ou une pièce de théâtre.
Après la résolution de l’intrigue et donc la fin de la confrontation initiale avec le film, l’intérêt cognitif et émotionnel retombe. La prolongation du plaisir après la première expérience n’est possible que si la répétition s’effectue selon une modalité différente, car la satisfaction se fonde sur le caractère original de l’expérience.
Pour prolonger son plaisir et maintenir son intérêt cognitif après avoir terminé un livre, le lecteur ne le relit pas intégralement depuis le début, mais il le reprend et se le réapproprie selon différentes modalités : lecture synthétique par la table des matières, retour sur certains passages, lecture des notes de bas de page, ouverture sur les références bibliographiques… C’est une manière de reconsommer l’œuvre par petits morceaux ou sous des angles différents.
Avec un film, les manières de prolonger le plaisir après la première occurrence de l’œuvre sont également multiples.
Le DVD est par excellence un produit de l’après puisqu’il n’est disponible qu’après la projection en salle. Il permet une reconsommation de l’œuvre sous différentes modalités :
- Reconsommer par morceaux avec la fonction chapitrage, qui permet de revoir à loisir des certains passages appréciés.
- - Rentrer dans la production de l’œuvre en se mettant à la place du producteur. En effet, les bonus des DVD proposent un accès à l’envers du décor, au travers des making of. L’attitude induite n’est plus celle du récepteur consommateur d’un produit fini, mais une posture analytique comparable à celle de l’enfant qui après avoir joué casse son jouet et le dépèce pour voir comment il était fait. C’est en quelques sorte une consommation post mortem avec une posture de compréhension, d’analyse et décomposition.
Le site de film occupe une position plus ambiguë du point de vue de l’avant / après du film, dans la mesure où il est ouvert en amont de la sortie officielle et le demeure en aval. Il révèle l’ambiguïté de la nature du média internet, qui sert à annoncer et en même temps à revenir sur quelque chose.
nothing is impossible for a willing heart.
Rédigé par : coach outlet | 15 novembre 2010 à 09:02