Cet article s'intéressera aux titres de films et abordera les points suivants :
- l'univers sémantique des titres de films
- la forme et la construction des titres
- la différence entre les titres français et américains et les questions de traduction
Résumé :
Parti pris de concision, quels que soient les genres :
Noms propres (Ex : Rembrandt ; Vatel ; Alice et Martin).
Descriptions : noms génériques qui désignent une catégories de choses ou de personnes (Ex : Les parasites ; Les ensorceleuses ; Petits frères).
Constructions appositives proches des titres de romans (Ex : Les enfants du siècle ; Une journée de merde ; La classe de neige).
Titres courts difficiles en français compte tenu du caractère expansif de la langue Vs titres américains concentrés.
Titres français pas toujours explicites : fonctionnent de manière indirecte, en laissant une ambiguïté sur le sens par élision, jeu sens propre/figuré, …
Fonctions du sous-titre :
Explicitation du titre notamment en termes de genre.
Accroche proche de la rhétorique publicitaire.
1/ Univers sémantique des titres par genre
Comédie
Les titres de comédie jouent en grande part sur le registre de la familiarité en utilisant différents procédés. On trouve en particulier :
• Les mots relatifs à la famille : père, mère, frère, sœur, et toutes leurs transformations ou combinaisons (Mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs ; Je règle mon pas sur le pas de mon père ; Big Daddy ; Belle maman ; L'âme sœur ; Le double de ma moitié ; Les enfants du marais)
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• Le registre familier, argotique ou imagé avec :
- Des mots formés à partir d'onomatopées ou d'expressions-types avec une connotation un peu argotique (Charité Biz'ness ; Le dîner de cons ; Le derrière).
- Des mots qui sont des métaphores transparentes du personnage comique incarné (Le schpountz ; Babe ; Bimboland ; Mr Cool)
• Dans Dr Dolittle, on désigne quelqu'un de manière humoristique par une caractéristique de son personnage, en construisant un nom avec un jeu de mot : Dr Dolittle signifie littéralement en anglais Dr fait pas beaucoup… soit un peu Dr Incapable. Cela implique une familiarité un peu complice.
- Le recours récurrent à des prénoms, qui correspond à une rhétorique de la proximité (George de la jungle ; Harry dans tous ses états ; Mary à tout prix)
Les titres de comédie fonctionnent souvent sur la rhétorique de l'excès et de la caricature, avec des expressions hyperboliques, qui évoquent quelque chose d'outré ou d'accentué (Une journée de merde ; XXL ; Un vent de folie ; Very bad things ; Super sens ; Mary à tout prix ; Harry dans tous ses états)
Il y a des titres qui ont la structure de phrases entières. Ce sont des locutions courantes ou familières qui ont une valeur quasi proverbiale. Elles expriment une sorte de sagesse de la vie quotidienne qui devient la matrice du contenu de la comédie. (Je règle mon pas sur le pas de mon père ; Cela n'empêche pas les sentiments ; Elle est trop bien ; Rien à perdre ; Comme une bête)
Les ressorts de la comédie transparaissent aussi dans les titres au travers d'autres thèmes comme :
• La vie ou la journée ordinaire ou extraordinaire (Une vie moins ordinaire ; Une journée de merde )
• L'amour ou le sentiment (Addicted to love ; Cela n'empêche pas les sentiments ; La carte du cœur ; L'âme sœur ; Harry dans tous ses états)
• Le dédoublement, l'opposition et la réversibilité (In&out ; Recto verso).
• Les hommes et les femmes séparés entre eux, mais en groupe uni par la même caractéristique (Bimboland ; Waterboy)
Comédie dramatique
A l'image de l'hétérogénéité du genre comédie dramatique, les titres de cette catégorie utilisent des registres sémantiques assez variés.
On trouve en particulier dans les titres :
• La récurrence du mot "vie" (La vie est belle ; Train de vie)aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
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• Le thème du rêve (L'idéaliste ; La cité des anges ; Au-delà de nos rêves)aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
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• Le thème de la communication difficile avec l'explicitation sur l'affiche d'une relation amoureuse.
• Dans Un pont entre deux rives, on signifie la communication rétablie entre deux endroits séparés. Le pont est ce qui permet de relier les personnages séparés qui essaient de s'attirer.
• Dans Une bouteille à la mer, il y a l'idée d'un message qui franchit l'obstacle de l'océan. Et on voit sur l'affiche un homme et une femme qui se serrent l'un contre l'autre, qui se sont retrouvés.
• Le thème de la mort et du préjudice et du dommage.
• Le filtrage par des univers institutionnels. Les thèmes comme la mort, le préjudice, le dommage, qui sont relativement récurrents, sont appréhendés au travers de différents prismes correspondants à des grandes institutions sociales telles que :
• La médecine légale dans Mort clinique.
• Le droit dans Le préjudice, avec le sous-titre "la vérité à un prix".
• L'espionnage et l'informatique, avec la codification du secret dans Code Meurtre.
• La localisation géographique et/ou l'ancrage historique, avec des qualificatifs (zone, adresse, …) qui précisent plus ou moins le thème (Place Vendôme ; Le barbier de Sibérie ; Est/Ouest ; Dom Juan ; Les enfants du siècle)
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• Des désignations par description, avec :
- Des articles définis (L'idéaliste ; Les puissants ; The Boxer)
- Des procédés qualificatifs avec des locutions appositives ou des propositions subordonnées relatives (La cité des anges ; Les enfants du siècle ; Le barbier de Sibérie ; L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux )
C'est une manière de formuler un titre qui donne un sens particulier qui crée des catégories de gens, des types de personnes, avec l'attribution d'une caractéristique particulière. L'utilisation du pluriel renforce souvent cette impression (Cf. aussi : Petits frères).
Policiers, films noirs
Les titres de films policiers évoquent des univers énigmatiques, qui manquent de clarté ou qui sont angoissants avec :
• L'idée d'un obstacle qui empêche de comprendre la situation.
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• Dans L.A. Confidential ou Code Mercury, c'est le secret ou la codification qui rendent la solution difficile à trouver.
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• Dans Pluie d'enfer, il y a l'idée d'un environnement trouble, où la pluie fait un rideau derrière lequel on distingue mal les choses. C'est un univers mi-ombre mi-lumière, où les repères ne sont pas vidents.aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
• Hors d'atteinte exprime l'idée de quelque chose ou de quelqu'un qui échappe, qu'on ne peut pas saisir.
• Insomnia pourrait passer pour un titre de film fantastique ou d'horreur, mais évoque ici l'idée d'un univers angoissant, où on ne dort pas à force de ressasser des éléments pour essayer de comprendre ce qui se passe.
• L'idée de personnages ambivalents, entre le mal et le bien.
• Le cousin centre le titre sur un personnage intermédiaire, qui n'est ni un frère, ni étranger.
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• Le corrupteur évoque un monde où la fin justifie les moyens et où il y a des obstacles qui brouillent la vision claire du bien et du mal.
• Jugé coupable centre le titre sur un personnage dont les actes ont été qualifiés de répréhensibles par des gens qui ont essayé de faire la lumière sur son comportement.
• L'idée de personnalités entamées moralement ou compromises d'une façon ou d'une autre, avec :
- Le thème de l'atteinte à l'honneur ou à l'intégrité (Le déshonneur d'Elisabeth Campbell ; Le corrupteur).
- La notion de culpabilité, de dette et de devoir (Payback ; Jugé coupable).
- L'évocation de la perfidie, de haine et de méchanceté, avec les yeux de serpent (Snake Eyes).
Certains titres de policiers sont articulés autour d'un nom propre selon une rhétorique qui évoque celle des titres de romans, centrés sur un personnage (Lola ; Ronin ; Thomas Crown ; Le déshonneur d'Elisabeth Campbell )
On trouve souvent un élément de désignation géographique à l'intérieur des titres de policiers (L.A. Confidential ; Copland ) ou des mots faisant référence à la présence d'armes (L'arme fatale).
Aventure, western, guerre
Les titres de films d'action puisent dans la sémantique de l'agonistique avec :
• Les mots qui désignent des combattants : guerrier, légionnaire, soldier, soldat,…
• Le champ sémantique de l'affrontement : combat, guerre, ennemi,
L'idée de climat de lutte et de héros peut être suggérée par l'antithèse, comme avec Le pacificateur.
Fantastique, horreur, science-fiction
Dans le genre fantastique, horreur, science-fiction, les titres étrangers (américains) sont souvent conservés tels quels (Spawn ; Scream ; Blade ; Starship troopers ; Le projet Blair Witch ). Le fait que le langage ne soit pas forcément totalement transparent renforce l'élément de mystère et d'étrangeté qui caractérise le genre.
Les éléments thématiques du genre apparaissent dans les titres avec :
• Le thème de la main, qui est souvent illustré par des images sur l'affiche (La main qui tue).
• Le rapport au passé qui rattrape le présent sous une forme ou une autre avec :
- La légende qui pèse comme une menace intemporelle (Urban legend).
- La nostalgie ou le caractère oppressant du souvenir de ce qu'on a vu (Souviens-toi l'été dernier…, Témoin du mal ).
- L'idée de perte de la notion du temps ou d'ère disparue (Perdu dans l'espace ; Le monde perdu de Jurassic Park ).
• Le rapport au futur avec l'idée de vision supra-normale (Prémonitions ; Le projet Blair Witch ).
• Dans Faculty, on joue sur le double sens du lieu (la faculté au sens d'université) et du pouvoir supra-ordinaire. Cela se rapproche de Prémonitions avec l'idée de faculté de voyance et de pressentiment.
• Le thème de l'accès difficile à cause de la profondeur (Deep Impact) ou de passages successifs à franchir (La neuvième porte).
II/ Forme et construction des titres
Construction des titres
La norme de brièveté
On sent généralement dans les titres de films une volonté de concision qui concerne tous les genres.
On trouve en particulier :
• Des noms : Jackie Brown ; Himalaya ; Cube ; Kundun ; Saint-Cyr ; Magnolia ; Rosetta ; Mulan ; Quasimodo ; Rembrandt ; Armaggedon ; Godzilla.
• Des descriptions. Ce sont des noms génériques qui désignent une catégories de choses ou de personnes : Petits frères ; Les rois du désert ; Les kidnappeurs ; The patriot ; Les joueurs ; La nouvelle Eve ; La neuvième porte ; L'hygiène de l'assassin.
Ces locutions descriptives, qui fonctionnent presque comme des noms propres, correspondent à ce qu'on appelle en linguistique les descriptions définies.
• Des constructions appositives proches de la rhétorique des titres de livres ou de romans, avec un génitif de possession qui passe par la préposition "de". Ce sont des expressions composées avec un élément déterminé et un élément déterminant, mais qui ne sont pas des phrases : Mots d'amour ; l'école de la chair ; La vie rêvée des anges ; La classe de neige ; Le veilleur de nuit ; Fou d'Irène ; L'enfer du dimanche ; L'amour du jeu ; Les enfants du marais ; Le barbier de Sibérie ; Les enfants du marais ; Le dîner de cons ; Les enfants du siècle.
Cette catégorie de titres avec un "de" appositif est typiquement française.
Les titres français et anglais ne sont pas égaux devant la norme de concision, à cause notamment du caractère expansif de la langue française. La capacité de contraction de l'anglais facilite la construction de titres courts, qui concentrent autant de sens en moins de mots :
• Avec L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux la traduction littérale du titre original The horse wisperer est plus longue de six mots.
• Apt pupil devient Un élève doué. L'effet expansif du français est moins important, mais quand même sensible.
Les titres français ont tendance à utiliser des locutions simples et à déléguer la complexité de la signification du titre dans le sous-titre.
• La transposition française du titre "The thin red line" a nécessité un titre et un sous-titre : "La ligne rouge + A chacun sa guerre", alors que le titre américain est directement plus riche. La possibilité qui existe en anglais d'accoler deux adjectifs à la suite rend les titres plus légers et plus simples que leur équivalent en français.
On peut toutefois jouer sur l'effet expansif du français pour créer un effet stylistique de rupture par rapport à la norme de concision. (C'est une manière de se distinguer, comme les publicités qui se fondent sur une argumentation extrêmement complexe alors que la norme est la brièveté.)
Les sous-titres
Le sous-titre, qui apparaît en plus petits caractères, peut avoir plusieurs fonctions, notamment en fonction de sa position par rapport au titre (accolé en dessous, ou placé au dessus) :
• Une fonction d'anticipation du schéma thématique du film, quand le titre en lui-même est déjà relativement clair.
• Jeanne et le garçon formidable. La typographie donne l'impression que le titre est simplement Jeanne, mais le complément permet de comprendre qu'il ne s'agit pas seulement de l'histoire de Jeanne mais de l'histoire d'un couple.
• La débandade + La verge comme le cœur sont des organes qui bougent d'eux-mêmes. (Aristote)
• Starwars Episode 1 + La menace fantôme. Le sous-titre dans ce cas renseigne sur l'univers thématique particulier de l'épisode considéré.
• Une fonction d'expansion et d'explicitation du titre notamment en termes de genre. En général, le sous-titre est alors placé à proximité du titre (en-dessous ou à côté). Cette modalité du sous-titre intervient dans deux cas de figure :
- Quand il s'agit d'un titre très court et/ou peu transparent.
• Himalaya + L'enfance d'un chef. Le titre construit immédiatement un univers exotique, mais le sous-titre vient expliciter le genre : il précise qu'il ne s'agit pas d'un reportage, mais qu'il y a bien une narration qui en fait une fiction. Sa fonction est d'amorcer un élément d'intrigue narrative, pour suggérer le fait qu'il s'agit d'une histoire en partie romancée et non d'un documentaire sur la montagne.
• Kundun + L'épopée du quatorzième Dalaï Lama.
• Gladiator + L'esclave qui défia l'empire.
• Cube + La solution est en vous.
• Boogie nights + Portrait d'une star… au rayon X.
- Quand il s'agit d'une traduction d'un titre anglais, qui a engendré une perte de sens.
• La ligne rouge + A chacun sa guerre, pour The thin red line.
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• Des hommes d'influence + La comédie du pouvoir, pour Wag the dog.
• Haute voltige + Le piège est tendu, qui permet de récupérer la notion de piège contenue dans le titre original Entrapement.
• Une fonction d'accroche proche de la rhétorique publicitaire, en particulier lorsque le sous-titre est placé au-dessus du titre sur l'affiche.
• "Dans la vie les emmerdes, ça rapproche… un peu", fonctionne comme un sous-titre qui accroche l'attention, avec le titre Ma petite entreprise, qui apparaît en bas, presque comme une marque.
Les phrases d'accroche
Les phrases d'accroche ont un aspect polysémique et jouent généralement sur plusieurs registres de façon simultanée.
Parmi les axes exploités par les phrases d'accroche, on peut citer :
• Les phrases qui fournissent des renseignements complémentaires sur le thème, le genre ou la tonalité affective du film.
• Le complément apporté au titre Un plan simple est un peu particulier dans la mesure où il ne s'agit pas d'un sous-titre, mais d'un petit texte explicatif, qui intervient à côté de l'élément image pour donner des indications sur le thème : "Parfois les honnêtes gens peuvent devenir dangereux".
• Avec la phrase "La vie d'un homme c'est son image" on explicite le thème du film Velvet goldmine.
• Sans l'accroche "Que se passe-t-il quand un parrain de la mafia fait une dépression nerveuse ?" le film Mafia Blues, pourrait passer pour un polar. C'est plutôt un texte introductif au film qui permet d'éviter les inférences fausses quant au genre. En effet, on pourrait se dire De Niro + mafia = polar mais cette indication supplémentaire intervient utilement pour signifier le véritable registre, qui est plutôt la comédie.
• Avec la phrase "Le bonheur d'être libre, la liberté d'être heureux" on sait que Les enfants du marais est une espèce de fable représentant le bonheur de vivre. Cela donne la tonalité affective du film en évoquant une atmosphère idyllique de liberté et de bonheur total.
• Les phrases qui renseignent sur la relation entre les spectateurs et le film.
• Matrix + Croire à l'incroyable. Le sous-titre apporte une indication sur l'appartenance générique du film. A un troisième niveau d'interprétation, la phrase fonctionne comme un discours métadiscursif qui correspond au rapport du spectateur au film : on leur dit qu'ils doivent croire à l'incroyable, c'est à dire, qu'ils ne vont pas en croire leurs yeux.
• Small soldiers + On ne joue plus. La phrase d'accroche a ici une double signification. D'un côté, elle surenchérit sur la force impressionnelle du film : c'est l'idée que dans Small soldiers, la réalité dépasse la fiction ou l'inverse, et que le rapport du spectateur au film est un rapport croyable / incroyable. De l'autre côté, la phrase fait allusion au contenu thématique et au fait qu'il s'agit de personnages de jeu vidéo. On a finalement l'idée que le film est plus fort que le jeu. Les têtes menaçantes des personnages sont en correspondance avec la menace "on ne joue plus", pour signifier qu'on ne rigole pas avec eux.
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• Les phrases qui établissent un lien entre un film plus ancien et le film concerné. C'est un principe de rétro-référence et d'appel à la mémoire spectatorielle, qui est lié au fait que la réception d'une œuvre d'art en général et d'un film en particulier, n'est pas une réception ponctuelle : un film n'est jamais jugé uniquement à partir de sa propre réception. Au contraire, la réception est structurée à partir d'une culture cinématographique, avec des effets de rémanence de la mémoire ou des effets de rupture. Quand on va dans une salle de cinéma, on y entre avec toute sa mémoire cinématographique, qui s'y trouve mise en jeu en permanence.
Ce registre d'accroches rétrospectives par rapport à la mémoire cinématographique a plusieurs logiques :
- La surenchère par rapport à un film du même genre. Ce procédé est plus particulièrement lié au fantastique / horreur, en tant que genre qui laisse des impressions fortes et inoubliables. En général, les phrases d'accroche qui correspondent à ce principe comparatif de surenchère contiennent également une promesse d'intensité de la relation entre le spectateur et le film.
• La phrase "On n'a jamais eu autant les jetons depuis Shining" est une façon de porter un discours au-delà du film (Le projet Blair Witch). C'est une approche publicitaire qui joue sur une dimension promotionnelle. Le terme "jetons renvoie aux entrées, mais surtout à la peur. En fait, ce n'est pas le film lui-même qui parle, mais un énonciateur extérieur qui intervient sur le film pour en faire l'éloge : on se situe sur le plan de la critique en disant que c'est un film qui fait très peur. L'évocation de Shining donne l'impression que la phrase est directement extraite d'un discours critique mais fonctionne comme une accroche publicitaire comparative.
• La phrase "Oubliez tout ce que vous avez déjà vu" (Vampires) ne porte pas sur le film, mais s'adresse directement au spectateur en leur disant qu'ils vont voir un film qui va surclasser le passé.
- La mémoire des œuvres du même réalisateur. On rappelle la mémoire filmographique du spectateur en mentionnant explicitement le titre d'un succès antérieur du même auteur.
• L'affiche de Coup de foudre à Notting Hill comporte la mention : "Par l'équipe de Quatre mariages et un enterrement".
• L'affiche de Belle Maman comporte la mention "Par le réalisateur de Pédale Douce".
• Fous d'irène est situé par la double indication suivante : "Une schizo-romance des réalisateurs de Mary à tout prix".
• Au dessus du titre Wild wild west on trouve l'indication "Par le réalisateur de Men in black".
• Un élève doué porte une double référence avec "Par le réalisateur de Usual Suspects" et "Par l'auteur de Misery et Shining".
- Le rappel d'une première occurrence du même film, dans une version antérieure : Halloween, Après 20 ans, il revient.
L'interpellation dans les phrases d'accroche passe par différents biais :
• L'adresse directe au spectateur qui passe par le vous :
• La phrase "Si vous pouviez changer d'histoire, que / qui changeriez vous ? au dessus du titre est en correspondance avec le titre If only, qui implique une supposition irréelle. L'accroche est typique d'une approche publicitaire car on s'adresse au spectateur. C'est un moyen d'intéresser le spectateur sur un mode personnel au thème du film par une question qui lui est directement adressée. On suppose en parallèle que le film apporte sa propre réponse à la question ainsi posée.
• L'amorce d'une réflexion curieuse ou à caractère paradoxal. Les phrases d'accroche ont souvent une tonalité proverbiale, mais on y rajoute un élément pour susciter l'intérêt sur le mode du paradoxe éthique. La contradiction peut être intégrée dans la phrase ou naître de l'association de la phrase avec un autre élément de l'affiche (en particulier le titre).
• Sur l'affiche de Un plan simple, la phrase "Parfois les gens honnêtes peuvent devenir dangereux" est une maxime qui est en même temps paradoxale. Il s'agit de poser une question et d'exciter la curiosité par l'amorce d'une réflexion curieuse.
• L'association du titre Kiss or Kill (embrasser ou tuer) et de la phrase d'accroche "On croit connaître ceux qu'on aime" crée un paradoxe qui vise à susciter l'intérêt. Cela suggère une intrigue avec des retournements de situations (ou de personnages) et explicite en partie le titre et le thème.
• Les phrases qui visent à intéresser les spectateurs au thème du film en leur disant "Cela vous concerne". L'idée est de nier le caractère fictif de ce que raconte le film, pour dire que cela concerne la vie de chacun et pour susciter un intérêt personnel.
• The Truman Show + Et vous, qui vous regarde ?.
On voit un écran géant sur une façade d'immeuble, avec une foule massée en dessous pour qui regarde un homme endormi. Il y a un contraste fort entre la foule minuscule mais très nombreuse, et le visage de l'individu unique sur l'écran géant. Celui-ci est exposé au regard de milliers de gens (qui symbolisent le public de la télévision) alors qu'il est dans la situation la plus privée qui soit (endormi la tête sur son oreiller). L'affiche du film traduit l'idée de la médiatisation de la vie privée et la phrase renvoie cette question au spectateur en lui demandant "Et vous, qui vous regarde ?". C'est un moyen de le concerner par le thème en suggérant que le film lui fournira une piste pour réfléchir à sa propre vie.
Le fait que la foule regarde cet homme montre que ce dont on parle est aussi le téléspectateur. Cela actualise le contenu thématique du film et montre en même temps de quelle manière le spectateur est lui-même concerné. C'est un procédé qui consiste à dire "Cette histoire est la tienne, c'est de toi qu'il s'agit" (Te fabula narratur).
• Ennemi d'Etat + On est tous surveillé.
Le principe de l'accroche est ici de lier chaque spectateur potentiel au thème et à l'histoire du film en suggérant que c'est un problème universel dont chacun devrait se préoccuper.
• Hollowman + Vous pensez être seul ? Dommage…
Le flou de l'image fonctionne avec l'accroche pour suggérer l'ambiguïté sur le personnage fantomatique qui semble s'approcher : l'ombre est-elle une ombre ou une réalité que l'on voit mal ? Comme l'image n'est pas précise, on n'est pas sur de ce que l'on voit. Il semble alors tout aussi difficile de répondre avec certitude à la question posée par l'accroche.
• American Beauty + Regardez de plus près.
L'image présente déjà un corps de femme nue en gros plan et la phrase invite à regarder encore plus dans le détail. C'est à la fois ambigu et curieux, dans le mesure où on ne sait pas vraiment ce qu'il faut regarder… le film sans doute.
Le jeu sur l'ambiguïté dans les titres français
Certains titres typiquement français n'ont pas toujours une signification explicite. Ils fonctionnent de manière indirecte, en laissant une ambiguïté sur le sens grâce à divers procédés :
• L'élision d'une partie de phrase qui introduit un morceau sous-entendu qui reste à deviner.
• Le titre "…comme elle respire", est basé sur une expression comparative incomplète. Normalement une comparaison est constituée de deux parties : la protase, proposition subordonnée conditionnelle placée en tête de phrase, qui prépare la conséquence ou la conclusion exprimée dans la proposition principale, l'apodose, placée en seconde position. Ici, il y a une élision de la protase "elle ment", qui est simplement remplacée et suggérée par les points de suspension. Le titre fonctionne sur un sous-entendu, qui implique de connaître l'expression consacrée dans son intégralité :"Elle ment comme elle respire" pour prendre tout son sens.
• Un jeu sur le sens propre et le sens figuré, entre lesquels il n'est pas évident de choisir à première vue. Avec des titres comme Je règle mon pas sur le pas de mon père, Restons groupés ou Il faut sauver le soldat Ryan, le sens est ambivalent et indirect. Le ton impératif ou proverbial n'est pas clair. On ne sait pas si le sens du titre est à prendre au premier degré ou s'il s'agit d'une antiphrase ou d'un mode ironique qui implique de prendre le contre-pied.
III/ Titres français Vs américains et questions de traduction
Les différents modes de transposition des titres
Les traductions en français de titres de films américains peuvent être classées en cinq grandes catégories, selon le procédé de transposition utilisé :
- La conservation du titre original.
- La traduction littérale.
- L'adaptation.
- La création d'un autre titre dans un pseudo-anglais francophoniquement transparent.
La conservation du titre original.
Le fait de garder le titre original ou de renoncer à traduire correspond à deux hypothèses opposées. En effet, dans ce cas, on suppose :
• Soit que le titre est absolument spécifique ou intraduisible et on le conserve tel quel.
• Soit qu'il est transparent (nom propre, terme anglais très courant, …) et donc qu'il n'est pas nécessaire de le transposer dans une expression française équivalente.
La traduction littérale
La traduction littérale est possible quand il y a une équivalence sémantique directe. C'est à dire quand :
• Il existe des mots sémantiquement équivalents, qui n'engendrent pas de perte notable de sens.
• Il n'y a pas d'enjeu dans le titre original qui soit de l'ordre de la connotation ou du type de discours.
• Il y a une expression idiomatique équivalente :
• L'expression idiomatique "As good as it gets" n'a pas été traduite littéralement, mais remplacée par une location idiomatique de sens semblable : "Pour le meilleur et pour le pire".aaaaaaaaaaaaaaa
• "Bringing out the dead" a été traduit par une locution quasi équivalente "A tombeau ouvert".
• "Midnight in the garden of good and evil" a été simplement traduit par "Minuit dans le jardin du bien et du mal".
L'adaptation
L'adaptation correspond à une traduction large et libérale qui peut engendrer une perte de sens notable.
Le choix de la francisation complète présente toutefois l'avantage de transposer le titre original dans une expression qui à un sens clair en français. La perte de sens peut être compensée par un sous-titre qui permet d'expliciter la signification intégrale du titre anglais original.
• La ligne verte vient de The green mile, où "miles" ne signifie pour un français quelque chose comme le kilomètre ou la mesure. Le terme "ligne" traduit mieux la richesse sémantique de miles, que les anglophones comprennent directement.
• Les ensorceleuses reprend mieux l'idée de sorcellerie impliquée par le titre en anglais Practical magic, que sa traduction littérale (magie pratique ou magie opératoire) qui aurait donné un titre trop opaque. Mais l'adaptation ici apporte un élément supplémentaire par rapport au titre original, en suggérant qu'ils s'agit de femmes sorcières.
Il semble que les titres version française doivent fonctionner comme des clés de compréhension du sujet ou de l'atmosphère du film. Cela passe par une traduction / adaptation qui explicite le genre ou par des sous-titres qui précisent des éléments thématiques.
• Avec Un flic de haut vol, on signifie le genre hybride entre la comédie et le policier. Le titre original Blue streak ne contenait pas d'indication sur le genre. C'est ce qu'on a voulu rajouter en utilisant le mot "flic".
• Avec Le déshonneur d'Elisabeth Campbell (pour The general's daughter), on a fait le choix d'un re-titrage complet qui fait écho à des éléments thématiques du genre : les notions d'honneur, de dignité, de honte fonctionnent comme des clés d'identification du genre policier / film noir. La perte de sens par rapport au titre original est compensée par la phrase d'accroche "La fille du général a été assassinée".
• Pour Coup de foudre à Notting Hill, on a ajouté la précision "coup de foudre" au titre original Notting Hill, comme pour spécifier le genre comédie sentimentale.
La création d'un autre titre mais pseudo-anglais francophoniquement transparent
Dans certains cas, le titre anglais original est remplacé par un autre titre en franglais indistinct (ni vrai français ni vrai anglais) qui donne une coloration américaine tout en étant compréhensible pour les français. La transposition dans un langage compréhensible pour anglophones débutants permet de supprimer l'opacité des termes anglais originaux, tout en conservant la référence au film américain ainsi que la saveur et la légèreté de la langue anglaise.
• Mister Cool à la place de Mr Nice Guy.
• College attitude à la place de Never been kissed. • Sexcrimes à la place de Wild things.
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• Las Vegas Parano à la place de Fear and laughing in Las Vegas.
• Sex intentions à la place de Crual intentions. Ici, c'est la construction qui a un caractère anglo-saxon pour les français, alors que l'expression est incorrecte en anglais (ce devrait être sexual intentions).
La duplication
Ce procédé consiste à composer un ensemble titre / sous titre :
• Qui conserve soit en majeur, soit en mineur le titre original.
• Qui complète ou explicite les termes anglais conservés.
• La désignation française de The legend of Sleepy Hollow est un titre composé avec Sleepy Hollow et La légende du cavalier sans tête.
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• Le titre américain Hollowman, a été conservé en grand et complété par le sous-titre : L'homme sans ombre.
Titre original et gage d'authenticité
Le fait de conserver le titre original a des implications pragmatiques qui sont du même ordre que le refus du doublage en français : c'est un gage d'authenticité dans la mesure où cela permet de garder le rapport à l'œuvre authentique et originale. A l'inverse la traduction intégrale est une recréation qui fait perdre le contact avec l'œuvre d'origine.
La mention du titre original est plus ou moins présente sur l'affiche. Souvent, elle n'apparaît que dans le bloc d'information relativement illisible situé en bas des affiches américaines.
Il existe des modalités intermédiaires pour conserver un certain degré de rapport à l'œuvre originale :
• La mention du titre original entre parenthèse, à proximité du titre français.
• Le titre original de Sexcrimes est mentionné entre parenthèse sur l'affiche, de sorte que l'opération de traduction est explicitée.
• La conservation du titre original ou d'une des ses composantes marquantes.
• Avec Hollowman, la traduction est désexplicitée puisque Hollowman apparaît comme un titre et que la traduction "L'homme sans ombre" apparaît comme un sous-titre.
• Sleepy Hollow rappelle le titre original The legend of sleepy Hollow, avec un sous-titre qui reprend l'idée de légende et explicite la signification du nom. De cette manière, on garde le contact avec l'œuvre originale, tout en comprenant ce que le titre voulait dire.
Stratégies de traduction / adaptation
L'enjeu de l'interprétation du titre et du film pour la classification générique
Le film La ligne rouge a été classé sous deux genres différents suivant que l'on s'est intéressé à l'affiche ou à la bande-annonce :
- L'affiche traduit le titre par La ligne rouge et ajoute en sous-titre "A chacun sa guerre". Cette traduction est une façon de rendre le titre original qui comportait en plus l'adjectif "thin", apportant l'idée que la ligne de partage entre un comportement criminel et un comportement moral est très fine. Mais l'utilisation du mot guerre dans "A chacun sa guerre" donne une connotation qui classe l'affiche dans le genre action (aventure, western, guerre).
- La bande-annonce rend compte du sens du film par un montage de séquences unifiées par un monologue. Ce n'est pas une structure narrative avec un "avant" et un "après", mais une voix intérieur qui exprime un conflit moral. On ne retrouve pas le registre classique des films de guerre car ce que raconte la voix off n'est pas l'action (qui est toutefois traduite dans les images), mais quelque chose d'intérieur et de ressenti par le personnage. On rend compte du thème du film (le conflit moral du soldat) et non de l'histoire, à partir d'images sélectionnées pour illustrer le monologue, sans respecter l'ordre des séquences. Même si les images véhiculent fortement l'idée de la guerre (casques, soldats cachés dans l'herbe, armes, …) la construction permet de rendre le sens moral et influe sur la classification de la bande-annonce en "drame" (Vs action pour l'affiche). Le titre original The thin red line est conservé à la fin de la bande-annonce mais l'expression "Si loin des hommes" est rajoutée en sous-titre. Cet expression a un contenu moral (le problème de la distance et de l'éloignement avec les hommes : la fraternité ou la guerre) qui est en accord avec la reconstruction su sens effectuée par la bande-annonce (avec l'alternance d'images de guerre et de scènes d'amitié et de bonheur avec des enfants).
Ce cas particulier montre à quel point la traduction des titres peut se révéler un enjeu important du point de vue de la classification des genres et de la communication sur le film.
Autres exemples
• Le titre américain "Saving private Ryan" est à la fois plus court et plus riche que la traduction française "Il faut sauver le soldat Ryan". En effet, le terme anglais "private Ryan" introduit le problème de savoir s'il faut risquer l'armée entière pour sauver un individu ("private"). Il y a une véritable différence sémantique dans le titre original, qui a une signification par rapport à l'individualisme américain.
• Le titre américain "Knocking on heaven's door" est aussi celui d'une chanson célèbre dans le monde anglo-saxon. Il suppose un terreau de réception culturelle où l'expression prend sens. Comme en France la chanson n'est pas aussi connue, la reprise du titre à l'identique n'a pas été choisie. La traduction littérale de l'expression sans référence à la chanson n'aurait eu aucun sens non plus. Le titre français "Paradis Express" conserve une connotation américaine avec une expression pseudo-anglaise, mais supprime la référence à la chanson.
• Le titre français Mary à tout prix déforme en partie le titre américain There's something about Mary et lui fait perdre sa dimension énigmatique. En effet, le titre original éveille la curiosité en suggérant l'idée d'une fille qui a quelque chose de spécial. L'adaptation française exprime plutôt l'irrépressibilité du désir de quelqu'un qui va tout faire pour avoir Mary. On a perdu le ressort énigmatique qui aiguise la curiosité.
• Le titre original de If only était The man with rain in his shoes. Le choix de transposition a été celui du retitrage complet, car la traduction littérale de l'expression originale aurait pu entraîner une confusion avec des titres déjà existant en français, du style Le grand blond avec une chaussure noire. L'expression "if only" est explicitée par le sous-titre mais permet de conserver une référence à l'américanité.
• La traduction Mille et une pattes de A bug's life se situe dans la lignée de toute une série de titres français liées à la tradition des contes enfantins comme Les mille et une nuits, Les 101 dalmatiens, … Cela correspond à l'idée de l'élément en plus, de l'excédent unitaire par rapport à la somme ronde et à la masse. Il s'agit d'une part d'une tradition de titre de contes ou de dessins animés, et d'autre part d'une référence à une valeur morale sous-jacente, qui est "n'ayez pas peur d'être différent".
• Le titre Analyse this a été traduit par Mafia blues, qui supprime la référence à la psychanalyse. Compte-tenu de la différence d'intégration de la "culture psy" en France et aux Etats-Unis, un titre avec "psychanalyse" aurait sans doute fait intellectuel. L'expression pseudo-anglaise Mafia Blues présente l'avantage d'être plus populaire, notamment avec l'ambiguïté du terme "blues" : cela peut évoquer aussi bien la musique blues que le blues au sens argotique de déprime.
• L'adaptation du titre Deconstructing Harry en Harry dans tous ses états correspond à un effet de ricochet intéressant entre la culture française et la culture américaine. Le titre américain fait allusion au courant de pensée issu du philosophe français Derrida, que les Américains ont baptisé "déconstructionnisme". Aux Etats-Unis, l'intérêt pour le déconstructionnisme est à la mode, alors qu'en France, c'est dépassé. Le titre français supprime la référence intellectuelle, pour ne garder qu'une connotation comédie psychologique, qui rappelle la nature du cinéma de Woody Allen.
Titres français d'apparence américaine
Certains films français cherchent volontairement à connoter l'américanité avec des titres, qui évoquent des titres anglais :
• Soit le titre est en anglais : Louise take 2 ; Six pack, Total Western ; Love me.
• Soit la construction du titre évoque une tournure anglaise plutôt que française, avec un adjectif accolé à un nom plutôt qu'une structure appositive avec un "de".
• Dans Vénus Beauté, les mots sont français, mais la tournure se rapproche d'une construction anglaise à cause du qualificatif "Vénus" placé en tête de l'expression, avant le nom. La construction française équivalente devrait être "La beauté de Vénus".
Cowing good!
Rédigé par : Pasquale | 01 janvier 2015 à 15:48