Fan du travail de Patrick Mathieu sur la singularité, j'ai réuni plusieurs documents dans un linktree : https://linktr.ee/singularite.patrickmathieu
Voici l'interview que j'ai réalisé pour l'Epatant :
Trouvez (enfin) votre « singularité » !
Découvrir sa singularité, c’est une révélation. Pourquoi ? C’est là que réside notre puissance d’agir pour transformer le monde et répondre aux besoins d’évolution de la société. Entretien avec Patrick Mathieu, à l’origine de cette théorie inspirée de grands noms de la sociologie ou de la linguistique.
La « singularité »?
Dans ce numéro de L’Épatant dédié à l’alimentation, je vous explique en quoi la singularité – ce don reçu à la naissance –, nous nourrit en permanence – une nourriture spirituelle. Cette question du don se présente à moi à l’âge de 11 ans. Je me demande alors : Est-ce que tout le monde a un don ? À l’époque, j’en doute. Cela me semble très injuste. Aujourd’hui, ce don, je l’appelle « singularité ». Tout le monde en est doté. C’est ce qui nous différencie, nous invite à embrasser notre propre destinée.
C’est une méthode de décryptage de la personnalité ?
Oui, ce que nous vivons s’inscrit chaque jour dans le champ de l’identité et repose sur cette singularité. Le sociologue américain Erving Goffman distingue deux notions. D’une part, l’identité personnelle : la combinaison de faits biographiques qui s’attache à l’individu par un enregistrement unique et continu de faits sociaux et vient s’entortiller à lui, telle une « barbe à papa » autour de son bâton. D’autre part, son complément : notre être profond, cet aspect de soi-même, global et central, qui nous différencie. La singularité se décrypte en dépassant les enjeux visibles de l’identité. Elle met au jour les mécanismes sous-jacents qui organisent la logique de nos attitudes et comportements, au-delà des conditionnements de nos identités
– familiale, culturelle, religieuse, nationale...
Comment décrire sa singularité ?
Il faut définir ce qui vous motive, votre « why ». Trois possibilités, selon ce qui vous guide. Si ce sont les valeurs, le pouvoir, le savoir, la transmission, vous êtes « souverain. Si ce sont l’action, l’énergie, la performance, et le challenge, vous êtes « guerrier ». Si ce sont les relations, les émotions, l’expérience et le beau, vous êtes « producteur ». À chacun de ces types correspond deux variantes. Au total, six profils, six « noyaux de singularité », sont constitués. Ces variantes se créent par combinatoire : chacun d’entre nous possède les trois fonctions mais avec des priorités différentes. Ces familles ont des points communs, invisibles au premier regard mais à l’origine de nombre de nos motivations et comportements. Cela dit, chacun est infiniment différent. Cette singularité s’analyse avec nos outils, plus fins.
Quelles sont les sources de cette méthode ?
Le linguiste Georges Dumézil, pour la structure des trois fonctions « souverain », « guerrier » et « producteur ». Le sémioticien A.J. Greimas, pour les schémas narratifs. Le sociologue Max Weber, pour les fins, moyens et conséquences. L’école de Palo Alto et la PNL, pour la modélisation comportementale. Abraham Maslow et ses successeurs, pour l’échelle des besoins et les niveaux d’évolution personnelle. La physique fondamentale, pour les lois qui structurent le vivant. La psychiatrie, pour l’analyse des troubles de la personnalité. Et mon équipe de recherche, pour ses thèses universitaires à ce sujet, en particulier Éric Gautier et Loïc Grill, avec une mention spéciale à Michel Schiro ! Et beaucoup d’autres, que je remercie.
Et en quoi cette méthode est-elle « épatante » ?
Découvrir sa singularité, c’est une révélation. C’est dans notre singularité que réside ce don
– notre puissance d’agir pour transformer le monde et répondre aux besoins d’évolution de la société. Chacun peut faire des miracles ! Management, communication, éducation, géopolitique… La singularité s’applique à nombre de sujets.
Quel est l’intérêt de connaître son profil de singularité et celui de son entourage ?
À titre individuel, c’est la possibilité de connaître son modèle de fonctionnement et de mieux maîtriser ses clés de succès. Auprès des autres, cela permet de mieux se faire comprendre, de pouvoir les accompagner dans leur logique et de les écouter plus attentivement, en sorte d’éviter les malentendus. Pour mieux s’apprécier, en respectant ses différences.
Comment votre méthode s’applique-t-elle à l’entreprise ?
C’est un socle pour définir sa raison d’être. Pour mettre en œuvre des programmes de transformation culturelle. Pour rédiger une plateforme de marque ou une stratégie d’expérience-client. Pour relancer une entreprise en difficulté. Partagée, elle renforce l’engagement des collaborateurs, des clients et des parties prenantes. Un comex a tout intérêt voir représentés en son sein les six noyaux de singularité. Pour trouver l’équilibre, pour que chaque regard sur le monde soit représenté. Nous accompagnons aussi, à titre individuel, de grands dirigeants pour les aider à renforcer leur impact personnel et celui de leur entreprise. Certains m’ont rapporté que la prise de conscience de leur singularité leur avait permis de changer de niveau de jeu, leur faisant gagner des années dans leur vie professionnelle.
Au sein d’un couple, a-t-on intérêt à partager le même profil ?
La complémentarité entre noyaux de singularité est riche dans la durée. Tous les profils sont, bien sûr, compatibles. Il y a juste quelques conditions à respecter pour que cet enrichissement agisse sur le long terme. Toutefois, il est rare de trouver des couples qui durent partageant le même noyau de singularité…
Dans quelle catégorie classez-vous les mots « Épatant » et la phrase « Ça nous bouge » ? « Épatant », c’est le registre du « guerrier cosmique » ; « Ça nous bouge », plutôt celui du « guerrier humain ». Quoi qu’il en soit, c’est un vocabulaire de « guerrier ». On est dans le registre de l’action, avec une double dimension de stimulation intellectuelle pour « épatant »
– au sens d’un étonnement admiratif –, et de stimulation concrète avec le fait de bouger, de passer à l’action. Ces mots évoquent la disruption : apporter ce qu’on n’attendait pas, ce qui surgit dans le monde. Nous mettre en marche pour améliorer notre art de vivre, nos relations. Moi-même, je ressens cette énergie au travers de cette interview. D’ailleurs, le « N » rouge et sautillant du logo illustre bien cette dynamique. Volcanique !
La France est « souverain magicien »…
Elle aspire à la grandeur, à l’universel. Avoir promulgué la Déclaration des Droits de l’Homme la rend éternelle, pense-t-elle. Dans son livre Comment gouverner un peuple roi ?, Pierre-Henri Tavoillot questionne la notion de démocratie et l’absence d’horizon pour guider le peuple français. La France se revendique héritière des Lumières, mouvement lui-même « souverain magicien ». Une époque où la pensée éclairée des grands philosophes visait à offrir au monde une perspective neuve, généreuse, puissante pour les siècles à venir. Le déficit de sens actuel est à associer au déclin du rang de la France dans le chœur des nations. Se sentant petite, la France compense cette grandeur perdue par un complexe de supériorité. Voilà qui exaspère nos partenaires européens et africains ! Traduction : le « non » à la guerre en Irak ; l’exception culturelle ; les restes brûlants de « Françafrique » ou faire cavalier seul au sein de l’Union européenne… La France a besoin de grandeur mais ne sait où la trouver. Selon nos travaux, la culture au sens large est au cœur de sa singularité. Le confinement a révélé son importance. C’est toujours elle qui fait rayonner notre pays à l’étranger. Comment retrouver cette puissance inspirante ? Très vite, nous devons réaffirmer notre ambition culturelle pour retrouver notre rayonnement.
En quoi cette méthode pourrait-elle permettre de rendre le monde meilleur ?
« Le sens de la vie est de trouver ses dons. Le but de la vie est d’en faire don aux autres », disait Picasso. Cela décrit parfaitement ma méthode : trouver sa singularité pour en faire le socle de sa contribution à la société, de son impact personnel. Cette méthode permet de mieux se connaître et de s’orienter dans la vie. Imaginons ce qui se passerait si chacun d’entre nous vivait pleinement sa singularité et l’offrait au monde. J’en rêve ! Avec mon équipe, nous nous sommes donnés pour objectif de permettre à 80 millions de personnes dans le monde d’ici à 2030 d’activer leur puissance d’agir singulière pour participer à la transformation de la société. C’est ambitieux. C’est notre responsabilité singulière et elle a transformé notre activité radicalement.Découvrez vôtre noyau de singularité
Citons les présidents français, en commençant par décrire chaque noyau de singularité. Et j’invite vos lecteurs à se reconnaître dans l’un de ces noyaux.
. Le « guerrier cosmique »
Il prend son destin en main pour contribuer au bien commun. Porté par sa quête et sa volonté, il remet en cause les croyances établies et s’engage pour produire un art de vivre invitant aux relations et à l’échange. C’ets le profil d’Édouard de Broglie, fondateur de L’Épatant et acteur engagé au plan social. Il fait partie des gens qui se bougent pour un monde plus innovant, responsable et solidaire.
Exemples : Coluche et les Restos du Cœur, Edouard Leclerc, Brigitte Bardot, Xavier Niel avec Free, Madonna, mais aussi Valéry Giscard d’Estaing et Emmanuel Macron.
. Le « guerrier humain »
Il veut dépasser les contraintes matérielles pour s’élever toujours plus haut. Bourré d’énergie, compétiteur, il apporte attention à l’humain, à l’équipe et à sa loyauté. Pour un résultat de qualité, avec lequel il écrit sa propre légende.
Exemples : Napoléon Bonaparte, Elon Musk, Mark Zuckerberg, Harry Potter, les provocateurs – The Rolling Stones –, Eminem, Renaud, Rihanna et l’artiste Damien Hirst, mais aussi Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
. Le « producteur séducteur »
Il révèle le potentiel et la valeur de l’autre. Il aime aider les personnes – il ressent les signaux faibles qui vont l’y aider. Pragmatique, il cherche des solutions rapides pour créer une appartenance forte et obtenir la reconnaissance. Le slogan « Parce que vous le valez bien » inspire ces personnes.
Exemples : Eugène Schueller, le fondateur de L’Oréal, Carlo Collodi, le père de Pinocchio, Brian Chesky, fondateur d’Airbnb, mais aussi les élégants Mozart, Vivaldi, Salvador Dali ou Lady Gaga.
. Le « producteur réinventeur »
Il veut offrir une vie meilleure au plus grand nombre. Il ré-enchante la vie, se reposant sur de vastes connaissances. Il résout les problèmes en apportant une révélation, source de progrès et joie au quotidien.
Exemples : Épicure, Nietzsche, Freud, Albert Einstein mais aussi ceux qui enchantent nos vies comme Les Beatles, Steve Jobs, Ludovico Einaudi ou l’artiste Joan Mitchell, mais aussi Georges Pompidou.
. Le « souverain juriste »
Il organise le temps et le ritualise dans la durée pour protéger la vie. Porteur d’une investiture, il se repose sur la connaissance. Avec une forte dimension affective et empathique, il cherche le consensus pour éviter tout malentendu et anticiper la vitalité à venir. Il cultive fidélité et transmission. Ces grands organisateurs transmettent des valeurs fortes.
Exemples : la famille Mulliez, Jacques Prévert, Franz Liszt, Angela Merkel, Drake, Francis Cabrel ou l’artiste Anselm Kiefer, mais aussi François Hollande.
. Le « souverain magicien »
Il veut être la référence, occuper pleinement sa juste place de créateur. Puissant, doté d’une vision globale et unificatrice, il se situe au-delà du temps pour apporter un changement en profondeur. Avec autorité. S’appropriant les ressources et les redistribuant après amélioration, il génère de la richesse partagée. Le « souverains magicien » aime la grandeur.
Exemples : Louis XIV et Bernard Arnault, Jacques Cousteau, James Cameron, Coldplay, Beyonce, Céline Dion ou Adele, mais aussi Charles de Gaulle et François Mitterrand.
À chaque pays sa « singularité »
La France est « souverain magicien ». Ses dirigeants au même noyau de singularité sont ceux que l’on retient : Henri IV, Louis XIV, Charles de Gaulle ou François Mitterrand. Tous ont flatté et servi notre grandeur. Le Royaume-Uni est aussi « souverain magicien », tout comme l’Algérie.
L’Allemagne est « souverain juriste », ce qui explique notre perception : celle d’un pays organisé et pragmatique, moins rêveur et chaotique que nous.
L’Italie est « producteur séducteur », comme le Brésil et l’Inde. Ces pays ont en commun d’être constitués de multiples communautés de type familial, créant des appartenances complexes. Ils accordent aussi beaucoup d’importance à l’esthétique et au corps.
Les États-Unis sont « guerrier humain ». Constamment à la recherche d’un ennemi pour se dépasser, le « gendarme du monde » est très militarisé. Il trouve cet ennemi chez les « souverain juriste », le noyau opposé au sien, avec successivement : l’Allemagne nazie, la Russie et la Chine communiste. Que la conquête soit celle de l’Ouest ou de l’espace, la volonté de ce pays est d’aller toujours plus loin.
En Europe, les pays « guerrier humain » sont nombreux et incarnent les différentes facettes que peut prendre ce noyau de singularité : l’Espagne et les Pays-Bas (l’ancien empire de Charles Quint) avec leur tonicité ; la Suisse, neutre mais armée ; la Pologne, pays de forte résistance à la Russie ; le Danemark, pays d’innovation économique et sociale, ou la Grèce.
L’Union européenne est de noyau « producteur réinventeur ». Une entité constituée d’un assemblage hétéroclite de différences qu’elle parvient à assembler, comme le sont l’Afrique du Sud et le Mexique ou, plus près de nous, la Belgique et l’Irlande.
Enfin, porté par les valeurs du zen et le tatemae – concept social de régulation de l’énergie collective –, le Japon est « guerrier cosmique ».
Encadré 3
La Machine à Whyager
Pour vous permettre d’embrasser votre singulier destin, nous avons créé La Machine à Whyager. Une formation de découverte scénarisée de votre « why » et de votre impact personnel.
1re étape : identifier votre noyau de singularité.
Nous avons le plaisir d’offrir cette identification aux lecteurs de L’Épatant via un QR code, jusqu’à la fin 2023. Prenez le temps de répondre à chaque question posée. Nous vous répondrons sous quelques jours en vous apportant plus d’informations sur votre noyau de singularité.
2e étape : après une soirée de découverte expérientielle, la formation dure cinq jours sur une période de trois mois pour définir votre singularité personnelle, puis comprendre où vous en êtes de votre parcours d’appropriation de cette singularité et, enfin, construire votre projet d’impact personnel avec ses conséquences transformatrices rapides et puissantes (www.lamachineawhyager.com).
Accès au site de patrickmathieu singularité
Connaître gratuitement votre noyau de singularité en répondant à quelques questions
Pour découvrir et s’inscrire à La Machine à Whyager
Photos de Patrick Mathieu (© François Joret)
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