Dans le cadre du colloque organisé fin 2007 sur les rapports enfants/écrans et de l'Observatoire Gulli , Tiphaine de Raguenel, directrice des études des chaînes Lagardère, nous a demandé de recueillir et d'analyser des photographies d'enfants face à des écrans à partir du panel jeunesse de Lagardère. Voici le résultat de cette analyse sur la base de 57 foyers ayant envoyé entre 3 et 7 photos associées à des commentaires. Les photos des visages des enfants ont été masqués afin de rendre le document publiable.
Synthèse
La question du rapport des enfants aux écrans est difficile à traiter car elle est brouillée par des considérations connexes sur l’écran lui-même qui peuvent parasiter le sujet :
o On ne parle le plus souvent que des images qui passent dans les écrans (en l’occurrence le porno, la violence, la pub), et non pas des écrans eux-mêmes, comme si le dispositif était tout à fait « neutre ». Il y a une ambiguïté – qui est en elle-même révélatrice – à mettre en avant la question de l’écran pour ensuite la passer sous le tapis des images.
o On ne parle le plus souvent que de la menace ou de l’inquiétude des parents quant aux effets néfastes des écrans sur les jeunes esprits, et aux outils de défense mis en place pour les prévenir (contrôle du temps et interrogations sur les programmes visionnés)
Si l’on essaie de dépasser ces questions qui sont légitimes mais qui font aussi justement « écran » à la question de l’écran, les images recueillies révèlent à la fois :
o La très forte capacité d’immersion des enfants devant l’écran, par tout un ensemble de facteurs. Les écrans peuvent être classés selon leur degré potentiel d’immersion, de l’ordinateur à la console. Tout se passe comme si l’enfant n’avait qu’un seul mode d’écoute (immersif), contrairement aux adultes qui en ont plusieurs.
o La très faible adaptation relative des écrans (et des meubles) aux enfants. Ceux ci doivent se glisser très tôt dans une architecture écranique qui n’est pas conçue pour eux.
o L’impact de l’écran en soi, indépendamment des images qu’il diffuse. Cette métamorphose dans l’accès au jeu ou au savoir exige un renouvellement en profondeur, pas seulement des adultes mais de l’école et de la société.
Plusieurs enjeux se dessinent clairement à l’analyse des images envoyées :
o D’une part, la nécessité de compléter (et non pas d’empêcher) l’écoute immersive par d’autres modalités d’écoute, d’actualisation, d’interaction avec les adultes, en diffusant des programmes qui supposent ce type d’écoute (programmes familiaux, ou adultes)
o D’autre part, d’adapter la géographie domestique ou les écrans en fonction des besoins de l’enfant (proximité, hauteur). De ce point de vue, l’usage de l’ordinateur portable (léger, multi-fonctions, multi-usagers) apparaît comme une tendance très légitime.
o Enfin, le modèle de l’écran vient perturber une certaine image et statut de l’enfant, par rapport à l’adulte et à l’école. Le modèle de transmission des savoirs proposé par l’écran est concurrent de l’école, et invite à repenser leurs relations en termes de complémentarité.
"Enfants-Ecrans : qui dévore qui" - colloque Gulli - UNAF - Europe1 - Télérama
Voici la présentation de l'Observatoire Gulli : Téléchargement CP Résultat Etude Observatoire Gulli
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