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ARCHIVE / «Quanti / Quali» = distinction artificielle, fallacieuse et stérile ! selon Jacques Jenny

Voici le testament scientifique de Jacques Jenny, que j'ai trouvé très inspirant.

https://testconso.typepad.com/files/jenny-quanti-quali.pdf

La thèse que je voudrais ici exposer et argumenter, c’est que non seulement les deux grands «genres méthodologiques» dénommés habituellement «Qualitatif» et «Quantitatif» sont nécessairement complémentaires – banalité largement partagée – mais surtout que leur distinction même est foncièrement artificielle, fallacieuse et par conséquent stérile et contre-productive.

Cette division classique du travail méthodologique procède d’une illusion d’optique, provoquée par une perception tronquée de ce que sont réellement, concrètement, d’une part les pratiques et méthodes dites «quantitatives» et d’autre part les pratiques et méthodes dites «qualitatives».
Déjà, la frontière entre les deux n’est pas toujours placée aux mêmes endroits, selon les points de vue et selon les auteurs.
Et que dire des espèces «hybrides» ? où classer par exemple les «statistiques textuelles» et autres lexicométries, qui font entrer le langage dans le camp des mathématiques ?

Ce qui mériterait éventuellement les qualificatifs distincts de Quantitatif et Qualitatif, ce ne sont pas des Méthodes mais ce qu’on pourrait appeler les «plate-formes techniques» de ces méthodes. Car il est exact qu’on se trouve confronté, dans un cas, à des répartitions numériques et, dans l’autre, à des énoncés langagiers – et que ces deux matériaux ont des structures et des contraintes spécifiques telles que leur analyse, leur interprétation, exige la discipline de spécialités pertinentes et performantes : disons pour simplifier, respectivement les mathématiques, les statistiques et les sciences du langage, la sociolinguistique.

Mais les méthodes, elles, ne peuvent pas se réduire à ces disciplines spécifiques :
- les traitements mathé-statistiques doivent impérativement prendre en compte, intégrer, les significations précises et circonstanciées des catégories de classement des objets dénombrés, ordonnés ou mesurés et, au-delà, les discours dans lesquels ces catégories prennent sens, sous peine de n’être que des «exercices de calcul»,
- et les analyses discursives de corpus textuels ne peuvent négliger ni les «opérateurs de quantification» que contient tout énoncé ni les formes de répartition spatio-temporelle de leurs éléments constitutifs, qui contribuent à leurs significations, sous peine de n’être que des «exercices de littérature».

 

Jacques JENNY - Sociologue retraité (ancien de l’Iresco-CNRS)

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